Mary Eristavi : la princesse géorgienne qui a marqué l’histoire de la mode parisienne
- SGN06

- 25 août
- 3 min de lecture
Rédigé par Teimuraz Machitidze, journaliste et président de SGN
Dans l’histoire de la mode parisienne, certains noms résonnent comme des légendes. Si Coco Chanel est universellement connue, peu savent qu’une jeune femme venue des confins du Caucase a marqué l’univers de la haute couture dans les années 1920.
Mary Eristavi, princesse géorgienne en exil, s’est imposée comme une véritable icône d’élégance dans le Paris des Années folles, devenant l’une des premières muses internationales de la maison Chanel.
Des origines nobles à l’exil en France
Née en 1888 à Tiflis (aujourd’hui Tbilissi), alors au cœur d’un carrefour culturel vibrant, Mary Shervashidze grandit au sein d’une famille de la noblesse géorgienne, influente et respectée.
En 1912, elle épouse le prince George Eristavi et mène une vie raffinée, rythmée par les salons aristocratiques et les cercles artistiques.
Mais l’Histoire bouleverse ce destin : la Révolution russe et l’occupation bolchevique de la Géorgie contraignent le couple à l’exil. En 1921, Mary et George quittent leur patrie pour s’installer à Paris, emportant avec eux un héritage culturel riche et une élégance naturelle qui ne tarderont pas à séduire la capitale de la mode.
Une rencontre déterminante avec Gabrielle Chanel
À peine arrivée à Paris, Mary attire les regards dans les cercles mondains. Sa silhouette élancée, son port de tête aristocratique et son style minimaliste captivent Gabrielle Chanel, qui bâtit alors son empire.
Séduite par cette beauté singulière, Chanel en fait l’une de ses muses. Mary pose pour des campagnes et défile pour la maison, incarnant ce mélange de simplicité et de raffinement qui allait redéfinir l’esthétique de l’époque.
Ainsi, Mary Eristavi devient l’une des toutes premières ambassadrices internationales de Chanel, un rôle exceptionnel pour une femme étrangère à cette époque.
L’élégance discrète d’une pionnière
Dans le Paris effervescent des années 1920, où les codes féminins évoluent — robes plus courtes, lignes fluides, cheveux coupés à la garçonne — Mary Eristavi se distingue par une élégance intemporelle.
Ni exubérante, ni ostentatoire, elle incarne un style subtil, à mi-chemin entre l’exotisme caucasien et la sophistication parisienne. Sa présence, discrète mais magnétique, fait d’elle un symbole de raffinement cosmopolite, admiré par les créateurs, les artistes et les chroniqueurs de mode.
Un héritage toujours vivant
Si Mary se retire progressivement des projecteurs dans les années 1930, son influence demeure palpable. Les historiens de la mode s’accordent à dire qu’elle fut l’une des premières “fashion muses” internationales, contribuant à propulser Chanel vers un statut iconique.
« Mary Eristavi a marqué une époque. Elle représentait l’élégance naturelle, la discrétion et cette modernité subtile que Paris recherchait. Plus qu’un simple mannequin, elle fut un pont entre l’Orient et l’Occident, à un moment où la mode devenait universelle. »
— Dr. Hélène Dupont, historienne de la mode et auteure de Les Muses de la Haute Couture (Éditions du Louvre, 2019)
Aujourd’hui encore, son parcours inspire une nouvelle génération de mannequins géorgiens — de Mathilda Gvarliani à Tako Natsvlishvili — qui perpétuent sur les podiums parisiens cette élégance singulière, héritée de Mary.
Une icône intemporelle
Au-delà des clichés en noir et blanc, Mary Eristavi incarne l’essence d’une époque où Paris s’ouvrait au monde et où la mode devenait un langage universel.
Son élégance, sa réserve et son aura unique rappellent que le style dépasse les vêtements : il est avant tout l’expression d’une identité, d’une culture et d’une personnalité.
Chronologie de la vie de Mary Eristavi
1888 – Naissance de Mary Shervashidze à Tiflis, au sein d’une famille noble géorgienne.
Début des années 1900 – Éducation raffinée et immersion dans les cercles culturels de Tiflis.
1912 – Mariage avec le prince George Eristavi.
1918–1921 – Indépendance de la Géorgie ; Mary fréquente les cercles politiques et artistiques de l’élite.
1921 – Occupation de la Géorgie par l’Armée rouge ; exil du couple à Paris.
Début des années 1920 – Rencontre avec Gabrielle Chanel ; Mary devient muse et mannequin pour la maison.
1925–1930 – Âge d’or : campagnes Chanel et vie mondaine dans le Paris des Années folles.
Années 1930 – Retrait progressif de la vie publique, tout en restant proche des cercles artistiques.
1940–1950 – Vie discrète en France, loin des projecteurs.
1986 – Décès à Paris, laissant un héritage discret mais indélébile dans l’histoire de la mode.






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